Bilans sanguins sans seringues

Êtes-vous un de ces nombreux patients qui détestent les prélèvements de sang et ont d'immenses difficultés à chaque bilan ? Vous serez heureux d'apprendre que plusieurs groupes dans le monde entier travaillent à développer des appareils qui rendront les prélèvements de sang et l'administration intraveineuse de médicaments plus simples et plus efficaces. Un des groupes de tête est dirigé par Dr. Dvir Yelin du laboratoire d'optique biomédicale du Technion (Institut technologique d'Israël) et travaille au développement d'un mode d'examen sanguin non invasif qui permettra au personnel médical de voir et d'analyser le sang du patient, de manière fiable et immédiate, sans devoir employer pour cela seringues ou a payer les coûts de laboratoire.

Le bilan sanguin constitue une des premières étapes de tout diagnostic. Aujourd'hui, ceci est fait en prélevant du sang à l'aide une aiguille. Cependant, certaines difficultés sont associées au processus d'extraction du sang : patients souffrant de phobies, veines peu visibles, délais de réception des résultats qui risquent d'être particulièrement problématiques dans les cas urgents - tout ceci explique le besoin de méthodes d'examens sanguins plus sophistiqués.

Un des points sur lequel le groupe du Dr. Dvir Yelin concentre ses efforts est celui de la conception d'appareils aussi peu effractifs que possible, conformes aux besoins cliniques modernes. L'appareil en cours de développement permet une imagerie non effractive des cellules au sein du flux sanguin, au moyen d'une cytométrie de flux à encodage spectral, sans marquage. À la place d'une aiguille, l'appareil utilise une sonde d'imagerie compacte placée sur la lèvre inférieure du patient, permettant à l'équipe médicale d'observer la dynamique du sang en direct, à l'intérieur de la veine, les données étant transmises à leurs PC au moyen d'un logiciel personalisé (Labview, National Instruments).

Jusqu'à présent, les chercheurs ont réussi à placer une petite sonde d'imagerie sur la lèvre inférieure du patient, pour une période de 30 secondes (les sujets ne restant pas immobiles plus longtemps). Les chercheurs ont prouvé qu'il est possible de prendre des images rapides sur une certaine durée de temps et de voir les globules rouges et blancs traversant la zone d'observation, afin d'observer leur composition et leur comportement. Les essais montrent que l'appareil détecte les vaisseaux sanguins à une profondeur allant de 70 à 200 μm sous la surface de la peau.

En combinant l'optique de la cytométrie en flux avec une imagerie simple de diffusion à partir de lumière verte, les chercheurs ont été capables d'exploiter le contraste avec les tissus alentour afin de localiser les minuscules vaisseaux sanguins. Une fois le vaisseau identifié par le canal d'imagerie nucléaire, les cellules sanguines dans le flux sont imagées au moyen de l'optique de cytométrie en flux à grande ouverture numérique, basée uniquement sur la lumière reflétée. Ceci apporte une solution à l'emploi, dans le passé, de teintures chimiques afin de différencier entre les tissus, chose qui est utile uniquement en recherche et non pas sur de véritables patients. Ceci, et la vitesse limitée de l'imagerie, avaient empêché jusqu'à présent les chercheurs de s'intéresser véritablement à la circulation active.

La cytométrie en flux représente un énorme potentiel, non seulement pour l'observation non effractive et continue de la dynamique sanguine et l'obtention immédiate des bilans sanguins au chevet du patient (ce qui fait gagner un temps précieux et économise des examens en laboratoire coûteux) : d'autres applications de diagnostique et de recherche médicale sont possibles et l'exploration des possibilités commence à peine. L'appareil est loin d'être prêt à être mis sur le marché, cependant le groupe de Yalin a montré que cette technologie est possible. Pour plus de renseignements visitez leur site: http://yelin.bm.technion.ac.il/